11/01/2017

Rybolovlev et le serpent de mer

Le Président de l’AS Monaco est-il un brillant businessman ou un piètre homme d’affaires ? Est-il un véritable esthète, un amateur d’art philanthrope à ses heures, grugé par un professionnel véreux ? Cette question est centrale, elle revient comme un serpent de mer depuis le début du conflit qui l’oppose au marchand d’art, Yves Bouvier.


Qui est l’escroc ?

En psychanalyse on appelle cette manière de juger les gens une « projection », dans les cours de récréation cela se résume une expression « c’est celui qui dit qui l’est ». Manière de dire, l’injure que tu m’as adressée s’applique à toi. C’est exactement la façon dont a agi Dmitri Rybolovlev, actuel président de l’AS Monaco. Le 25 février 2015, Yves Bouvier, patron du Port Franc de Genève et marchand d’art était inculpé d’escroquerie sur une plainte déposée par l’avocate de l’oligarque, Tetiana Bersheda. De batailles de chiffonniers en bagarres judiciaires, en passant par tous les coups tordus imaginables, cette histoire n’en finit plus d’alimenter les rubriques sociétés de la presse internationale. Sur quels éléments est fondée cette plainte déposée au tribunal de Monaco ? Sur la simple déposition de Rybolovlev, qui affirme avoir été escroqué par Yves Bouvier. Le milliardaire, souhaitant se constituer une des plus belles collections de tableaux de maitres au monde, s’adressait au marchand d’art pour s’alimenter en pièces prestigieuses. Et ce dernier l’aurait grugé en lui vendant des toiles à un prix bien trop élevé et au dessus du marché. Le Président de l’AS Monaco se faisait alors volontairement passer pour un esthète un peu niais, ignorant la valeur réelle de ce qu’il achetait. Mais un coup de théâtre est venu mettre à mal cette version de l’histoire. Serpent de mer II de Gustav Klimt, une des œuvres sur laquelle reposait  l’accusation d’escroquerie a été revendue par le président de l’AS Monaco 200 millions de dollars ! Rybolovlev s’empoche donc une joyeuse plus value, bien plus élevée que s’il avait placé son argent sur un livret A ! Et ce n’est pas la première fois que l’oligarque se fait prendre les doigts dans le pot de confiture, la même histoire s’était produite avec le Nu couché de Modiglianii. Qui est le serpent ? C’est celui qui dit qui l’est !


De la mafia de l’Oural aux Triades chinoises…


L’affaire de la vente du Serpent de Mer II devient plus amusante encore lorsque l'on apprend le nom de l’acheteur : Joseph Lau. Qui est cet homme capable de débourser 200 millions de dollars ? Lors de l’affaire des Panama Papers, le journal, le Monde, lui a dédié un article intitulé « Le milliardaire corrupteur qui aime les diamantsii ». Tout est dans le titre. Par ailleurs, Joseph Lau, bénéficiaire d’une centaine de sociétés aux Iles Vierges Britanniques a été condamné pour corruption en 2014 à Macao et a écopé d'une peine de cinq ans et trois mois de prison, confirmée en appel. Il aurait versé 2millions d'Euros à un fonctionnaire local pour y construire de futurs casinos. Profitant de la politique de non-extradition en vigueur à Hong Kong, il n'est pas incarcéré pour le moment. Pour le moment… car le nom de ce « diamantophile » est très souvent associé à la mafia de Hong-Kong, considéré comme une des célèbres Triades chinoises, ce qui lui fait un point commun avec l’oligarque. En effet, les liens de Rybolovlev avec la mafia de l’Oural sont connus, c’est avec son aide et sa complicité que le Président de l’AS Monaco a bâtit sa fortuneiii. Rybolovlev/Lau. Lau/Rybolovlev, et si tous les mafieux du monde se donnaient la main ? 

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